Cinq Sujets de Finance Durable

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La finance durable fait fondamentalement référence à la canalisation des flux financiers vers des initiatives vertes et/ou sociales.

1. Alignement sur la taxonomie de l’UE et le SFDR

Au cœur des tendances, les institutions financières chercheront à démontrer l’alignement de leurs fonds sur l’article 8 ou l’article 9 du règlement de l’UE sur la divulgation des informations relatives à la finance durable (SFDR). Les entreprises seront ainsi amenées à comprendre la taxonomie européenne.

La taxonomie de l’UE, officiellement adoptée en 2021, a été conçue pour réduire le risque d’écoblanchiment des produits financiers en fournissant un système de classification ; une activité qui est « alignée sur la taxonomie » est considérée comme durable dans le cadre du Green Deal de l’UE. Des orientations complémentaires permettant de déterminer si les biens ou services favorisent l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets ont été publiées à la fin de l’année 2021 (et sont applicables depuis janvier 2022) et d’autres orientations sont attendues plus tard en 2022 pour les quatre autres objectifs, à savoir l’eau, l’économie circulaire, la pollution et la biodiversité. Cette expansion élargira le champ de ce qui est considéré comme durable, permettant à davantage d’entreprises d’être éligibles à la taxonomie. Plus largement, nous nous attendons à ce que l’accent soit davantage mis sur l’impact social et la transition juste, en particulier compte tenu du climat économique et de la hausse des coûts de l’énergie.

2. Les produits liés à l’ESG sont en plein essor

Outre le nombre croissant de fonds d’actifs réels s’alignant sur des objectifs durables, les produits de dette font l’objet d’une attention accrue. L’année 2021 a vu une augmentation exponentielle des émissions de dette durable, totalisant 960 milliards de dollars, selon la base de données Environmental Finance Bond Database ; soit une augmentation de 61 % par rapport à 2020. Nous nous attendons à une croissance continue, mais aussi à une surveillance constante pour éviter l’écoblanchiment. Les incohérences en matière d’étiquetage, de reporting et de divulgation de données entraînent une fragmentation de ce marché, les institutions créant leurs propres approches innovantes. Les acteurs du marché doivent donc s’efforcer d’instaurer des normes cohérentes de mesure des performances et des objectifs suffisamment ambitieux pour garantir l’intégrité du marché de la dette durable.

L’ISSB a pour objectif d’éliminer la confusion en matière de divulgation et de fournir aux investisseurs et aux participants aux marchés financiers des informations consolidées sur les risques et les opportunités liés au développement durable d’une entreprise, leur permettant ainsi de prendre des décisions en connaissance de cause.

3.L‘élaboration de normes progresse à un rythme soutenu

L’évolution la plus intéressante en matière de normes en 2021 a sans doute été le lancement de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), qui signale une évolution vers une norme de reporting mondiale et l’abandon de la « soupe à l’alphabet » existante, notamment le Sustainability Accounting Standards Board (SASB) et le Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD). Nous attendons un projet de ces normes dans la seconde moitié de 2022, ce qui accélérera le passage à une norme mondiale. Des prototypes sont déjà disponibles sur le site Web de l’ISSB, donnant aux parties prenantes une bonne idée de la manière de rendre compte des risques et opportunités liés à la durabilité.

Il convient également de noter la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui a été proposée en avril 2021. Un projet de la première série de normes CSRD devrait être approuvé par les institutions de l’UE au cours du second semestre de 2022. Cela élargira le champ des entités couvertes par la directive européenne actuelle et augmentera le niveau de détail des informations non financières que les entreprises doivent communiquer, y compris le concept de double matérialité et la communication d’informations conformes à la taxonomie européenne et à la SFDR.

En mars 2022, nous avons également assisté au lancement de la version bêta de la Taskforce for Nature-related Financial Disclosures (TNFD). La TNFD recommande aux services financiers et aux entreprises de publier des informations sur les risques liés à la nature, tels que la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes. Cette recommandation entrera en vigueur en 2023, mais pour s’y préparer, et compte tenu de la nature complexe du sujet, il serait prudent que les organisations commencent dès maintenant à réfléchir à la manière dont elles pourraient étendre leurs modèles et processus de données pour capturer les données pertinentes.

Dans l’ensemble, nous nous attendons à voir des progrès dans les activités de reporting non financier des entreprises en préparation de ces développements.

Nous nous attendons à voir une accélération des entreprises cherchant à comprendre leurs risques climatiques et à planifier des moyens d’atténuation, d’adaptation et de stratégie sur la façon dont ces impacts affecteront l’avenir de leurs activités.

4. Les États-Unis rattrapent l’Europe

Le 21 mars 2022, la Securities and Exchange Commission (SEC) a annoncé une nouvelle mesure qui obligera les sociétés américaines cotées en bourse à publier des informations détaillées sur les risques climatiques et les émissions de gaz à effet de serre (GES). La règle proposée pour la publication des risques climatiques est conforme au cadre de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD) et au protocole sur les gaz à effet de serre.

Cette nouvelle mesure marque le plus grand changement dans la politique de divulgation des entreprises américaines depuis la crise financière de 2008. Elle apportera une transparence supplémentaire aux actionnaires qui évaluent le risque climatique et l’exposition aux émissions de gaz à effet de serre dans leurs investissements. Les États-Unis suivent ainsi plus de 30 régions qui ont déjà pris des mesures pour imposer la divulgation des risques climatiques. Selon le type de déclarant de l’entreprise, les règles entreront en vigueur dès l’exercice 2023 (à déposer en 2024).

5. L’actionnariat actif – l’intendance – va continuer à augmenter.

Les actions des actionnaires sont en hausse et la pression sur les conseils d’administration pour qu’ils se perfectionnent sur les questions ESG et soient tenus responsables augmente. Par exemple, en mai 2021, deux membres du conseil d’administration d’Exxon ont été évincés pour n’avoir pas fait suffisamment d’efforts dans la lutte contre le changement climatique et, en mars 2022, un procès historique a été annoncé contre les administrateurs de Shell pour n’avoir pas préparé l’entreprise à un bilan net zéro.

Les investisseurs ont un rôle important à jouer pour préparer les entreprises aux risques du changement climatique dans le cadre de leur obligation fiduciaire d’évaluer les facteurs de valeur à long terme. Nous nous attendons à voir une augmentation de l’examen minutieux par les investisseurs des plans de transition des entreprises et des votes qui en découlent – soit pour les plans eux-mêmes, soit pour les administrateurs de l’entreprise.

Enfin, compte tenu de la situation en Ukraine, on assiste à un recentrage rapide sur ce qui est défini comme un investissement éthique ou responsable, au-delà d’un score ESG élevé. La nécessité de se passer du pétrole russe pourrait également inciter les marchés à se concentrer davantage sur les investissements verts.


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