Private Equity & ESG : perspectives pour le premier semestre 2025

Retour sur les principales évolutions ESG qui façonnent le secteur du capital-investissement

14 août 2025

ocean

Alors que nous arrivons à mi-parcours de l’année 2025, il est clair pour tous que certains des fondements sur lesquels l’ESG et la durabilité se sont construits ces dernières années ont évolué. Les entreprises, les investisseurs et les conseillers cherchent à naviguer dans l’incertitude politique et réglementaire qui règne en Europe et en Amérique du Nord.

La durabilité semble être à la croisée des chemins. L’élan des dernières années, qui semblait avoir propulsé la durabilité au premier plan, a cédé la place à un affaiblissement et un recul de la réglementation, à une incertitude politique croissante en Europe et en Amérique du Nord, à une utilisation prudente du langage et à des perspectives économiques changeantes. Ensemble, ces facteurs rendent les entreprises de plus en plus hésitantes et paralysées dans leurs décisions d’investissement.

Pour autant, tout n’est pas sombre. À y regarder de plus près, la situation est plus nuancée : disparités géographiques, recentrage sur l’action plutôt que sur la seule communication, langage plus accessible et reconnaissance accrue de la valeur créée par la durabilité. L’ESG s’adapte et évolue pour répondre de manière tactique aux défis actuels, mais il n’est pas près de disparaître et, d’un point de vue stratégique, la direction prise semble reste inchangée.

Alors que nous nous tournons vers le second semestre 2025, Matt Smith, directeur technique Transactions et Finance durable chez Anthesis, explore plusieurs tendances clés du premier semestre 2025 qui influencent et façonnent l’approche du capital-investissement en matière d’ESG et de durabilité.

Quels sont les changements ?

Incertitude réglementaire

Au début de l’année, le consensus général était que la dynamique autour de la divulgation des informations ESG continuait de s’amplifier. En Europe, cette dynamique a été ralentie par l’impact, en février, du paquet de simplification Omnibus, qui a modifié les exigences de reporting et de diligence raisonnable en développement durable.. Parallèlement, les discussions se poursuivent au sein de l’UE sur un deuxième paquet Omnibus, appelé « directive sur le contenu ». Cette initiative répond en partie aux récents changements politiques qui ont accentué le clivage entre sceptiques et partisans de l’ESG aux États-Unis et en Europe. Elle vise à rationaliser la réglementation européenne, alléger les charges administratives et renforcer la compétitivité mondiale des entreprises de l’UE.

Pour certaines entreprises, cela a clairement apporté un soulagement et un répit, tandis que pour d’autres, notamment de nombreux GP, il s’agit d’un recul décevant qui sape les efforts et la dynamique, en particulier en ce qui concerne l’amélioration de la qualité des données ESG et des bases pour l’action et la création de valeur. Dans d’autres régions, la dynamique reste soutenue. L’Australie a lancé en juin sa taxonomie de la finance durable, tandis qu’au niveau mondial, l’attention se concentre toujours sur la finance de transition, notamment en Asie. Reflétant peut-être cette situation complexe, le Royaume-Uni continue d’élaborer ses normes de reporting en matière de durabilité (SRS), dont la consultation a été lancée en juin, tout en annonçant en juillet qu’il renonçait à son projet de mise en œuvre d’une taxonomie verte britannique.

Globalement, la tendance des six derniers mois témoigne d’un intérêt constant pour la finance durable, mais s’inscrit désormais davantage dans une logique de simplification réglementaire, avec un accent renforcé sur la croissance et la compétitivité.Il est certain que les entreprises devront suivre de près l’évolution de la situation, non seulement en ce qui concerne les futures réglementations telles que la CSRD ou la CSDDD, mais aussi les modifications proposées aux réglementations existantes en matière de finance durable, telles que le SFDR.

Greenhushing

La communication a toujours été un élément clé de la durabilité. Elle est nécessaire pour susciter le changement et impliquer les multiples parties prenantes afin de les sensibiliser, tout en étant un levier essentiel pour obtenir des résultats financiers et différencier les marques. Toutefois, la surveillance accrue des déclarations et des actions, notamment en matière d’ESG, semble avoir renforcé cette année la tendance au « greenhushing », c’est-à-dire la pratique consistant à taire des engagements crédibles en développement durable par crainte de critiques. Malgré cela, la majorité des entreprises poursuivent des initiatives significatives. Si cette stratégie de réduction des risques est compréhensible, elle comporte également un risque en soi, car le silence peut avoir un coût, en particulier pour les entreprises dont la création de valeur est étroitement liée à l’ESG et à l’action en faveur du développement durable.

Pour approfondir cette question, Anthesis examine dans son dernier rapport,« The Cost of Silence », si la communication sur les efforts ESG génère un réel retour financier et en termes de réputation. Après avoir analysé plus de 500 entreprises dans 16 secteurs, la réponse est sans équivoque :

  • De bonnes performances environnementales sont liées à de meilleures performances financières.
  • 15 secteurs sur 16 ont vu leur réputation renforcée par leur perception en matière de développement durable.
  • Les marques qui communiquent sur leur durabilité occupent clairement des positions de leader.

Accédez au rapport « Le coût du silence » pour en savoir plus.

Grâce à ces conclusions, les entreprises peuvent prouver la valeur de leurs stratégies de durabilité, se doter d’un avantage concurrentiel et renforcer leurs arguments en faveur de l’investissement en interne. Pour autant, il est reconnu que les entreprises devront gérer de manière nuancée toute pression perçue en faveur du changement et élaborer une stratégie adaptée à leur situation spécifique.

Langage

Le langage est étroitement lié à la communication et, au cours du premier semestre, l’utilisation du langage autour de l’ESG a fait l’objet d’une attention croissante. Le terme « ESG » a été une source évidente de controverse. Certaines entreprises et investisseurs ont rebaptisé leurs efforts en matière d’ESG sous des termes moins émotionnels tels que « durabilité », « responsabilité » ou « résilience ».

Nous avons également observé des tentatives visant à rendre le langage plus accessible. Dans un secteur saturé de jargon et d’acronymes, il faut admettre que notre message et les raisons de nos actions ne sont pas toujours compris par notre public. Il est donc essentiel de s’adapter pour rendre les risques et les opportunités compréhensibles. Il est nécessaire de privilégier les actions plutôt que les mots : la divulgation n’est pas une prise de décision, la communication n’est pas un engagement.

Parallèlement à ces changements dans la communication et le langage, nous avons également observé des changements tactiques dans la formulation des actions, qui mettent l’accent sur la résilience et le lien avec la durabilité opérationnelle à long terme et la gestion des risques. Les engagements et les labels perdent en importance, au profit de fondamentaux pragmatiques visant à réduire l’instabilité opérationnelle, à gérer les risques et à créer de la valeur. Là encore, le langage peut être considéré comme tactique et adapté pour refléter le contexte actuel, tout en contribuant à garantir le maintien du leadership et la poursuite des progrès vers les objectifs stratégiques nécessaires.

Qu’est-ce qui reste solide ?

L’ESG dans les transactions

Malgré certaines difficultés observées, l’accent mis sur l’ESG en tant que moteur de création de valeur lors de l’examen des acquisitions et des sorties reste fort. Un nombre croissant de clients du secteur du capital-investissement demandent une due diligence des vendeurs (VDD) afin de démontrer de solides performances en matière d’ESG. La VDD ESG permet de démontrer le lien entre pratiques durables et résilience, améliorant ainsi les rendements financiers, augmentant les valorisations et facilitant l’accès au capital des investisseurs orientés ESG, tout en rassurant les acheteurs grâce à un investissement stable et pérenne.

Dans le cadre de cette activité florissante, nous avons également constaté qu’un nombre croissant de sociétés de capital-investissement envisagent l’introduction en bourse comme une voie de sortie potentielle. Cela met l’accent sur la définition d’une base de référence pour les performances et le positionnement actuels, ainsi que sur l’élaboration de stratégies et de feuilles de route pour aider les investissements à se préparer avant et après l’introduction en bourse.

Une dernière observation concernant les transactions est l’augmentation des échecs de sortie au cours des six derniers mois, souvent liés à l’incertitude économique et géopolitique ainsi qu’aux disparités persistantes sur les marchés. Dans ce contexte, Anthesis souligne l’importance cruciale d’une due diligence ESG rigoureuse, en complément d’autres activités essentielles.Nous vous recommandons de suivre les conseils et les avis d’experts, de consacrer le temps nécessaire à la due diligence et de vous laisser suffisamment de temps pour préparer votre sortie afin de remédier aux points faibles.

Actualités Anthesis : Anthesis et Wallbrook conservent leur place dans le classement 2025 du guide Chambers and Partners

anthesis et wallbrook maintiennent leur position de leader dans le guide chambers and partners 2025

Nous sommes fiers d’annoncer qu’Anthesis et Wallbrook, qui fait partie d’Anthesis, ont une fois de plus été reconnus comme des cabinets de premier plan dans le guide Chambers and Partners 2025, obtenant les meilleures notes dans plusieurs domaines d’activité. Ce classement est basé sur des recherches indépendantes et, surtout, sur les commentaires directs des clients. Cette année, Anthesis a été désigné comme l’un des trois seuls prestataires ESG au monde à obtenir le classement « Band 1 » dans la catégorie « Risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ».

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